Le Yi Jing

Qu’est-ce que le Yi Jing ?

Le Yi Jing, ou Livre des changements, d’origine chinoise, aurait plus de 2500 ans d’existence. Nous pourrions dire que c’est une sorte de catalogue ou recueil de 64 figures, appelées Hexagrammes, auxquelles sont associés des commentaires et des conseils. Il semblerait que le Yi Jing condense et décrive l’ensemble des agencements énergétiques possibles qui régissent l’univers dans son entièreté sous la forme de ces 64 images principales, structurés par six niveaux de traits typiques dont la linéarité est discontinue (Yin) ou continue (Yang).

Quelle est son utilité ?

Ce recueil peut être lu comme un ouvrage philosophique, mais aussi être consulté, pour un questionnement personnel, en effectuant un « tirage » (un calcul pour les chinois) avec 49 baguettes ou trois pièces de monnaie identiques, en suivant un protocole bien précis. 64 possibilités de réponses nous sont offertes, avec de très nombreuses modulations personnalisées, déterminant 4096 nuances possibles. Ces dernières sont examinées avec soin grâce aux commentaires associés à chacune d’elle. Une ligne directrice se dégage, en rapport étroit avec nos questions, mettant ainsi le doigt sur l’essentiel et répondant, en quelque sorte, à ces dernières. Le Yi Jing est donc, entre autre, un puissant outil d’aide à la prise de décision. Dans un même temps il nous permet d’examiner en profondeur les situations et événements que nous traversons afin de les négocier au mieux.

Comment aborder son étude ?

L’étude du Yi Jing nous fait entrer de suite dans une « problématique de base » : sa traduction. Le chinois, langue unique, utilise des images, les idéogrammes, alors que nous-autres, occidentaux, utilisons des concepts. Comment passer de l’un à l’autre ? C’est là toute la difficulté. Certains traducteurs ont scrupuleusement respecté, autant que faire se peut, le sens premier des textes chinois (Philastre). D’autres, tel Richard Wilhelm, ont vécu en Chine et approché des maîtres Yi Jing mais ont traduit ce dernier en le christianisant un peu trop. D’autres encore, plus récemment, sont remontés aux sources même des idéogrammes en apprenant le chinois ancien (Cyrille Javary). Mais la question majeure reste inchangée : comment les « anciens » ont-ils bâti, assemblé et sculpté un tel édifice pour qu’il fonctionne aussi bien encore de nos jours ?
Y a-t-il des fondations ou bien s’est-il construit naturellement au fil des siècles comme une rivière façonne doucement et surement son lit dans une vallée ? Tous les chercheurs et traducteurs n’ont pas les mêmes avis.
Pour ma part il me semble que le Yi Jing, avant d’être chinois, est humain. En cette qualité-là, il est effectivement remarquable que nous retrouvions dans ses fondements, des archétypes semblables à ceux qui ont été utilisés dans toutes les grandes traditions à la surface du globe. Pour aborder correctement son étude il est avant tout indispensable d’étudier mais surtout de ressentir ces grands archétypes : la croix, le cercle, les nombres, le Ciel et la Terre, les cycles journaliers et saisonniers, l’ombre et la lumière, le féminin et le masculin, etc. Parallèlement à cela, il est obligatoire de bien assimiler les données délivrées par les différents chercheurs/traducteurs au travers de leurs livres respectifs.

Nécessité de revisiter le Yi Jing en l’enrichissant

Le Yi Jing est constitué de multiples strates de commentaires issus d’observations, histoires, anecdotes, épopées, conseils, etc, déposés au cours des siècles par des lettrés et sages de tous bords. Chaque époque semble lui apporter sa pierre, sans détruire le reste du bâtiment (il est important de le préciser), les données semblent même être ciselées au fil des périodes.
Qu’en est-il de nos jours ?
Tout en respectant les fondations de ce monument de sagesse, il me semble nécessaire de poursuivre cet enrichissement mais aussi de tenter de retrouver la vitalité qui devait l’animer à ses débuts, c’est à dire, chez les chamanes et les « sages » qui étaient responsables de son utilisation. Le mot « vitalité » est pour moi synonyme d’« activité de la sève ». Les informations qu’il continue à nous délivrer aujourd’hui sont de première importance, mais celles-ci restent trop souvent appréhendées par notre seul mental, notre intellect, au fonctionnement sec et séquentiel. Il y manque, à mon avis, le parfum, la fragrance, issus de l’essence du message délivré, seuls capable de nous faire « vivre » la teneur de la « réponse » à notre question, vivance qui nous engage dans la certitude en la qualité de celle-ci.
Comment retrouver ces fragrances ? Là est tout l’intérêt de la recherche actuelle, tous azimuts, mais ressentir (réapprendre à sentir) me semble primordial dans cet apprentissage. C’est ce que nous tentons de faire au sein du Cercle Yi Jing Occitanie.